Lettre ouverte d’un Mahorais de l’Hexagone au Premier Ministre

Lettre ouverte d’un Mahorais de l’Hexagone au Premier Ministre

Monsieur Le Premier Ministre,

 

Bonjour,

 

Avec tout le respect que je vous dois, je pense qu’il serait temps que vous vous rendiez à Mayotte pour prendre à bras le corps le dossier du développement de l’île, ainsi que celui des relations de bons voisinages avec les Comores qui empoisonnent le climat politique entre notre pays et l’Union de Comores et inquiètent au plus au point les mahorais, car les spéculations vont bon train et les parlementaires ont perdu pour la plupart la confiance des mahorais.

 

Je ne vous ferai pas le jeu de mots du député Mansour Kamardine, mais je vous rappelle toutefois que les mahorais n’ont jamais entretenu de bonnes relations avec les autres îles et qu’ils ne souffrent aucunement du syndrome de l’Homme Kémite qui considère la colonisation comme un crime imprescriptible et revendiquent un retour à l’état de nature. Probablement, bien avant des États qui ont aujourd’hui des accords de coopération ou en constitué des fédérations, les mahorais ont compris et pris conscience depuis plus d’un siècle qu’il valait mieux vivre auprès d’un État puissant et libre que de se gargariser d’une indépendance non atteignable et inassumable. Les mahorais se sentent profondément français et certains dans nos familles en ont payé le prix du sang, ce qui fait que même si nous sommes pas des descendants de gaulois, nous avons à cœur les valeurs de la république ce qui est un plus sur notre identité.

Bref, contrairement à ce que d’aucun peut affirmer sur l’Union commune des Comores ce n’est pas vrai. Nous en avons peut-être la même racine swahili pour la langue, mais c’est comme les italiens, les espagnols et les français qui ont en commun la même racine latine. De plus, deux langues sont parlé à Mayotte : le shimahorais et le kibushi d’origine malgache ce qui est une originalité. Et si la religion est ce que les mahorais ont en commun avec les Comores, il y a une difference de taille ; le soufisme mahorais cohabite avec une tradition ancestrale dominée par le matriarcat ce qui n’est pas le cas des autres îles. Bref, tout concoure à la détermination des mahorais à rester français ce qu’ils ont confirmé à cinq reprises lors de consultations.

 

Vous qui êtes un homme de qualité, indépendant et qui a une haute idée de la république au point d’avoir répondu à l’appel de notre Président, savait mieux que quiconque ce qu’est le patriotisme. Et sans devoir m’avancer, il me semble que les mahorais ont ce sentiment viscéralement chevillé au corps pour la mère patrie. Ils ne sentent pas comoriens et ne souhaitent pas partager le même destin qu’eux.

 

Je tairai ici les rapports de domination entre les sultans batailleurs car les livres d’histoires regorgent de ces écrits et je vous faits crédit de ne pas les ignorer. Par contre, je vous conjure au nom des valeurs que notre république nous a inculqué : liberté, égalité, fraternité, et qui ont inspiré les droits de l’Homme, de la liberté des peuples à disposer de leur destin, de ne pas décevoir les mahorais et de ne pas les jeter en pâture à une classe politique comorienne qui se recrute dans la caste de ceux qui se considèrent encore comme des seigneurs et qui veulent simplement soumettre les mahorais pour mieux quémander l’aide internationale; ce n’est pas un projet de vie et les mahorais aspirent à vivre en liberté ce que leur a garanti depuis 1841 la république.

 

Je vous remercie de votre attention monsieur le Premier ministre. Et je ne doute pas de votre détermination à protéger l’intégrité du territoire.

 

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mon profond respect.

 

Abdallah Aboubacar-Lorenzo

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