Gilets Jaunes Mayotte : lettre ouverte à Madame la ministre Annick Girardin

Gilets Jaunes Mayotte : lettre ouverte à Madame la ministre Annick Girardin

Madame la ministre Annick Girardin,

A 1435 km de la Réunion où vous êtes en visite, Mayotte attend que vous procédiez à la même baisse des prix du carburant que celle que vous venez de décider pour nos compatriotes réunionnais qui paient désormais 1,43 euro le litre à la pompe contre 1,57 sur l’île aux Parfums. -13 centimes d’euros à la pompe sur votre seule décision. Pour justifier la baisse des prix pour la Réunion, vous avez cité la chute du cours du baril et des taux de change favorables: nous parlons bien du même pétrole et du même dollar qui président aux destinées de l essence et du gazole pour nos deux départements, n est ce pas ? Il faut donc aussi baisser les prix à la pompe à Mayotte et que l’égalité soit réelle !!!

Nous vous accordons que Mayotte brille par ses particularismes à plus d’un titre et elle s’est distinguée par son absence du mouvement des Gilets Jaunes qui mobilise tout le pays. Département le plus pauvre de France avec l’essence la plus chère de France, Mayotte aurait toutes les raisons de se mobiliser si elle ne sortait pas d’un long mouvement social qui a laissé notre économie exsangue et la population désabusée face au cynisme de l’Etat dans sa réponse par saupoudrage clientéliste et partisan aux défis majeurs de notre île.
Mayotte aurait toutes les raisons de descendre dans les rues si les Gilets Jaunes n étaient pas chez nous les milices villageoises de Comoriens clandestins que l’Etat choisit de subventionner plutôt que d’assurer la sécurité publique en augmentant de manière conséquente et définitive les effectifs de police et de gendarmerie (le récent départ de certains gendarmes pour stabiliser la Réunion a d’ailleurs réduit la faible mobilisation des forces de l’ordre à Mayotte alors que des dizaines insurgés Comoriens dangereux débarquent sur nos plages tranquillement…). Personne sur notre île ne veut prendre le risque de voir les clandestins manifester sous couvert de brassard fluorescent ni leur donner l’occasion de se livrer à des pillages: il n’y a donc pas de mouvement de Gilets Jaunes à Mayotte.

A Mayotte, notre colère est réelle. Le ras le bol total. Nous subissons des surcoûts importants sur le carburant et les produits de base avec un niveau de vie bien plus bas qu’en métropole ou la Réunion voisine. Le monopole d’Air Austral asphyxie notre ile. La cherté de la vie étouffe les Mahoraises et les Mahorais. Baisser le prix du carburant est un minimum vital ici.

 

Estelle YOUSSOUPHA

Journaliste indépendante

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