De Mitterrand à Macron : une obsession anti-mahoraise génocidaire

De Mitterrand à Macron : une obsession anti-mahoraise génocidaire

 

Noyer la population mahoraise dans une avalanche migratoire, une agression coloniale.

Larguer Mayotte, une obsession socialiste révolue qui ressuscite.
Le 13 juin 1990, le président de la République française, François Mitterrand, fondateur du Parti socialiste, est en visite officielle à Moroni. Lors du diner d’Etat, il fait une allocution portant notamment sur les relations franco-comoriennes, l’aide au développement et la francophonie. Au détour d’une phrase, il déclare : « Quand je rentrerai dans mon pays, je serai rentré dans un pays qui lui-même prend part à la vie de l’Océan Indien par la projection française qui se trouve à La Réunion ». Le chef de l’Etat ne cite pas Mayotte, pourtant Collectivité territoriale de la République française. Et quand plus loin dans son discours il cite Mayotte, c’est pour regretter son maintient dans la France, déplorer son statut français et dénigrer l’aspiration de la population mahoraise à la départementalisation. Voici ce qu’il dit :
« Ou bien le problème de Mayotte, si mal engagé en 1974, si mal engagé à mes propres yeux, que je me souviens d’avoir refusé le sort qui était réservé à cette île. Mais le temps a passé, la loi de mon pays a été adoptée, les règles constitutionnelles ont été fixées par d’autres que par moi et je pense qu’il faut adopter une démarche concrète et pratique pour parvenir à dépasser ce contentieux désagréable entre nous.
Nous allons en parler. Mais je pense que dès maintenant nous devons prendre les mesures qui permettront une communication et des échanges constants entre Mayotte et les autres, les autres et Mayotte. Qu’il n’y ait plus de barrières dressées, barrières théoriques, mais peu franchissables, entre tous les Comoriens que vous êtes, eux et vous. Et que la France vous aide à retrouver votre très ancienne solidarité. Il est de multiples formes d’unité, croyez-moi, et nous allons les rechercher ».
En droit constitutionnel français l’autodétermination des Mahorais étant le principe démocratique le plus fort, le plus légitime et le plus conforme aux intérêts des Mahorais, deux septennats n’ont pas permis à Mitterrand de réaliser la réintégration de Mayotte dans le giron comorien qu’il appelait de ses vœux.
En 2012, son ancien sherpa, François Hollande, candidat à la présidence de la République, en visite à Mayotte pour sa campagne électorale, est interrogé sur la relation entre l’île française et les Comores indépendantes. Sa réponse est en rupture avec la doctrine de Mitterrand. Voici le rapport de la presse :
« Le candidat évoque la question de l’immigration, l’un des principaux défis pour Mayotte. Il promet de contrôler l’immigration, de créer le centre de rétention promis, de favoriser le «développement des Comores», les îles voisines, en espérant ainsi tarir la source de la «pression» migratoire. Les arrivées illégales sont constantes, à tel point que les pouvoirs publics sont incapables de connaître la population exacte de Mayotte. Dans ce contexte, il affirme aussi que sa proposition d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales ne sera pas appliquée de la sorte ici. «Il n’est pas question que les étrangers en situation irrégulière aient le droit de vote. Nous adapterons cette loi », assure-t-il pour rassurer la population. François Hollande insiste aussi sur l’attachement de Mayotte, ce territoire proche de l’Afrique, à la République ».
Le candidat socialiste ne remet pas en cause la départementalisation, mais ses paroles expriment son intime conviction : « Il faut favoriser le développement des Comores, en espérant tarir la source de la pression migratoire sur Mayotte ». Devenu président de la République en mai 2012, fidèle à sa déclaration, le chef de l’Etat confirme « l’engagement de la France en faveur du développement des Comores », et précise que « la France et l’Union européenne souhaitaient intensifier leur coopération dans les secteurs de la santé, de l’accès à l’eau, de l’éducation ou encore de la préservation de l’environnement et de la production d’énergies renouvelables ». L’Elysée formalise ces orientations par la Déclaration de Paris sur l’amitié et la coopération entre les Comores et la France, signée à Paris le 21 juin 2013.
Quand bien même Hollande souhaiterait secrètement le retour de Mayotte aux Comores, à l’image de son illustre prédécesseur, sa fonction présidentielle lui interdit de transgresser la loi française et son principe démocratique, qui prescrit et garantit l’ancrage pérenne de Mayotte dans la France.
Encore une fois, la libre détermination des Mahorais est plus forte que toute velléité diplomatique sécessionniste, si forte par le choix librement exprimé et constitutionnellement si légitime que le président socialiste renonce à son engagement d’accorder le droit de vote aux étrangers installés à Mayotte aux élections locales.
Elu en 2017, le président de la République En Marche Emmanuel Macron n’est pas socialiste, de son propre aveu (ni de droite ni de gauche). Mais il fut le conseiller de Hollande avant de devenir son ministre de l’Economie et du Budget. Sa conception du contentieux franco-comorien nous est encore inconnue ès qualité. Une indication est toutefois donnée par le discours du candidat Macron prononcé à Labattoir pendant sa campagne électorale.
Que disait-il le 26 mars 2017 ?
« Vous êtes ici au milieu de l’océan Indien, vous le savez. Qui peut promettre qu’il n’y aura plus, demain, de kwassa-kwassa ? Personne ! Qui peut promettre sérieusement qu’il n’y aura plus d’immigration clandestine? Personne ! Qui peut promettre, qu’en un clin d’oeil, il n’y aura plus d’insécurité ? Personne, raisonnablement !
Moi, je suis venu vous tenir le langage de responsabilité de la République, celui qu’on peut tenir, celui d’une République lucide, sérieuse, qui vous protégera et en même temps généreuse. Et qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire d’abord que la sécurité de Mayotte, elle passe par le développement des Comores, elle passe par une politique volontariste pour toute la région, elle passe par une politique responsable pour aider au développement de l’océan Indien et des Comores.
Aujourd’hui, ce sont vingt millions d’euros simplement qui sont donnés aux Comores dans le cadre de notre aide publique. Ce n’est pas suffisant, ça n’est pas sérieux. Et donc, oui, ce que je veux engager, c’est un grand pacte avec les Comores pour aider à leur développement, y investir, y engager l’Europe tout entière, mais en même temps, engager les Comores dans une politique de lutte contre l’immigration clandestine. Parce que votre insécurité d’aujourd’hui, c’est notre honte, à la République tout entière. Et moi, j’ai honte qu’il y ait aujourd’hui des Anjouanais et des Comoriens qui arrivent ici et qui créent l’insécurité ou ajoutent de la misère à la misère. Mais j’ai aussi honte que chaque année, il y ait des cinquantaines ou des centaines de kwassa-kwassa qui sombrent dans l’océan, qui fassent périr des vies entières parce que nous ne savons pas traiter ce problème ».
Ce discours a fait polémique. Certains Mahorais, la majorité d’entre eux à vrai dire, estiment qu’il s’inscrit en négatif pour Mayotte. D’autres, franco-comoriens, jugent, au contraire, qu’il est avantageux pour les intérêts de l’île. Cette contradiction ne s’estompera qu’à l’œuvre, au regard des résultats de la politique volontariste que le président mettra en application.
Néanmoins, l’allocution du président Mitterrand, les propos du président Hollande et le discours du président Macron, confrontés au choix républicain des Mahorais, permettent d’ores et déjà de tirer quelques enseignements, à savoir :
– que Mitterrand n’avait aucune sympathie ni compassion pour Mayotte française ;
– que Hollande, rationaliste, était plutôt compréhensif et bienveillant à l’égard des Mahorais et des Comoriens ;
– que Macron, pragmatique, manifeste un intérêt pour Mayotte conditionné à une ambition pour les Comores.
Ces trois présidents ont en commun une détestation de la mahorité, du discours mahorais et d’une francité mahoraise qui s’impose à eux par la grâce du suffrage universel. Leur idéologie post coloniale fondée sur l’illusion de la Grande Région Française de l’Océan Indien a enraciné dans leur mentalité humanitariste la conviction que la stabilité de Mayotte dépend du développement des Comores.

Le cercle infernal : immigration, extraversion politique, dépendance

A l’analyse, la position de l’actuel président est sensiblement la même que celle de son prédécesseur. N’oublions pas que l’un était le consultant de l’autre. Ce qui différencie les deux approches se situe dans les mots « dépendance » et « conditionnalité ».
Dans le premier cas, la dépendance renvoie à une relation de cause à effet. Il faut enrayer l’immigration invasive à la racine. Si l’on ne traite pas la cause en amont, le phénomène continuera de se répandre en aval avec tous les drames qu’il entraîne. Bref, le cancer ne cessera de métastaser. La croyance en cette relation de dépendance nous amène à dire qu’il ne pouvait pas y avoir de volonté politique de la part de Hollande de garantir le progrès et la stabilité de Mayotte puisqu’il présupposait que tout effort d’investissement public serait vain sans développer les Comores. Le sentimentalisme de Hollande dans cette relation de dépendance tripartite (France-Comores-Mayotte) a donc servi les intérêts de la France et des Comores au détriment de Mayotte victime, dans ce cadre diplomatique, d’une pression migratoire organisée, excessive, incontrôlée, génératrice d’insécurité et de violences urbaines ; victime aussi d’une extraversion politique vecteur d’inertie, d’immobilisme, de sous-développement et de paupérisation.
Si la position du précédent président est sensiblement la même que celle de l’actuel président comme on l’a dit plus haut, alors les conséquences risquent d’être sensiblement les mêmes : un manque de volontarisme répresseur des progrès réels de Mayotte et une extraversion politique dommageable pour sa population.
Dans le deuxième cas, la conditionnalité supposée garantir la stabilité de Mayotte, celle-ci pose la question de la sincérité de l’engagement du président Macron à l’égard de la réussite souhaitable de la départementalisation. Pourquoi en effet conditionner le succès de Mayotte à des contingences extérieures alors que, fondamentalement, l’archipel mahorais a tous les atouts pour assurer un développement insulaire endogène, inclusif, source de prospérité ? Le décollage est possible avec les potentialités de l’île, à condition bien sûr que la République assume pleinement ses missions régaliennes et que l’Etat assure en même temps sa part de financement des investissements nécessaires.
Disant cela, on dit que l’immigration clandestine n’est pas en soi un frein à l’émergence de l’île au lagon, car, aussi contraignante qu’elle puisse être pour l’activité économique et la paix sociale, cette immigration n’est pas un phénomène endogène, elle est par définition un phénomène étranger, contingent, voire accidentel. Après avoir submergé la population de Mayotte sous un flot migratoire instrumenté, conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine apparaît donc absurde. Ce n’est pas une bonne politique et il ne faut donc pas la mener, ni même l’envisager.
A ce stade, disons la vérité des choses : parce que l’immigration clandestine est un phénomène imprévu, brusque, occasionnel ou exceptionnel, il est possible de le combattre et de l’enrayer. Il est même souhaitable de le faire. Outre que c’est une obligation légale pour l’Etat qui assure cette mission régalienne, de souveraineté, c’est aussi un impératif de sécurité pour la population et le territoire mahorais. Justement parce qu’elle est imprévisible, inattendue et inopinée, l’Etat doit appliquer contre elle le principe de précaution et le principe de prévoyance.
Le caractère de soudaineté, d’imprévisibilité et d’exceptionnalité est un facteur de risque. Il convient donc de mettre les moyens et de s’entourer de toutes les précautions pour gérer ce risque. La gestion du risque est d’ailleurs une activité essentielle de l’Etat qu’il déploie dans tous les domaines prioritaires et dans tous les secteurs sensibles. Prévenir le phénomène, prendre les précautions utiles pour agir lorsqu’il se manifeste : tel est l’enjeu pour Mayotte. Les bonnes politiques publiques procèdent d’ailleurs ainsi pour éviter le danger éventuel. Au demeurant, un principe de gouvernance nous dicte l’attitude vertueuse : gouverner c’est prévoir.

Dans la mesure où le manque de réactivité de l’Etat face à l’explosivité de l’immigration clandestine a contribué, par complicité active ou passive, à rendre le phénomène régulier, permanent et endémique, comment enrayer les départs quotidiens et les arrivées massives vers Mayotte ? Il y a deux manières de le faire. Une frontière s’ouvre ou se ferme. La fermeture est l’option mahoraise. Il faut donc, premièrement, mettre les moyens de contrôle sécuritaire et de dissuasion en interne pour combattre le phénomène nocif. Deuxièmement, développer les Comores. La troisième solution qu’on oublie souvent d’envisager consiste à faire les deux : promouvoir simultanément le progrès et la stabilité de Mayotte et renforcer l’aide au développement des Comores.
Dans tous les cas, toute conditionnalité assise sur l’extraversion politique qui ruinerait la croissance de l’économie mahoraise et anéantirait les intérêts supérieurs de l’île est à bannir. La seule conditionnalité que l’Etat est autorisé à mettre en œuvre est bipartite, franco-française, elle consiste à contraindre ses partenaires mahorais – collectivités locales (département, communes, intercommunalité), chambres consulaires, administrations publiques, associations et entreprises -de gérer rigoureusement les deniers publics et d’agir dans le respect des règles administratives, des principes juridiques et des normes constitutionnelles, au besoin avec une obligation de résultats.
Nous avons affirmé qu’il est absurde de conditionner le progrès de Mayotte à la lutte contre l’immigration clandestine pour les raisons ci-dessus évoquées. De la même manière, nous affirmons qu’il est déraisonnable de conditionner le développement de Mayotte au développement des Comores. Nous affirmons cela pour une raison toute simple ; Mayotte est un territoire insulaire français qui se suffit à lui-même. L’archipel mahorais a tous les atouts pour réussir. Aucune pression étrangère ne doit dénier ce droit aux Mahorais. Deuxième série de raisons : les Comores sont à une distance respectueuse de Mayotte, séparée par une frontière maritime aussi paisible que dangereuse. D’autre part, le développement des Comores est complètement aléatoire et n’offre aucune garantie de faisabilité à la France. L’histoire en est témoin.
L’autre enseignement que l’on peut tirer de l’expérience socialiste est que le discours du nouveau président réfléchit à bien des égards celui de François Mitterrand qui a été prononcé il y a 17 ans (relations franco-comoriennes, aide au développement et francophonie). On peut donc affirmer que ce discours de la France-Afrique présenté comme nouveau, moderne, voire visionnaire, est en réalité ancien, rétrograde et parfaitement hypothétique. Ce discours de la controverse a par ailleurs réveillé de vieux démons, ce qui le rend non pas stérile mais dangereux pour la cause qu’il prétend servir : « développer les Comores et apaiser Mayotte ».
Ce que le concepteur de « La République En Marche » a réussi à faire finalement, par sa communication équivoque et sa politique de déconstruction, c’est d’avoir permis à la diaspora comorienne, sous prétexte d’une nouvelle France de la refondation, de revivifier la revendication territoriale comorienne sur Mayotte et de déterrer la hache de guerre.
Le Haut Conseil Paritaire franco-comorien qui s’est tenu à Paris, au Ministère des Affaires étrangères, mardi 12 septembre 2017, n’est que la traduction d’une obsession anti-mahoraise. En postulant une feuille de route orientée « vers un cadre propice à une circulation régulière des personnes en toute sécurité » entre Mayotte et l’Union des Comores, le HCP est un démon à deux têtes qui s’abreuve d’un bain de sang prévisible. Les Mahorais et les Mahoraises, dignes héritiers des chatouilleuses, doivent donc prendre conscience de la menace génocidaire qui les guette.
Plus que jamais, soyons vigilants. La lutte n’est pas finie. Le combat continue !

 

Zaidou Bamana

Journaliste indépendant

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