Nous sommes la France et non le Tiers-Monde !

Nous sommes la France et non le Tiers-Monde !

Mayotte n’est en rien le « Tiers-Monde », ni «sous-développé ». C’est plutôt le Tiers-Monde avec son lot de sous-développement qui s’est incrusté, inséré et tente de se confondre à la société mahoraise. Et ce Tiers-Monde avec son lot de sous-développement qui s’est invité à Mayotte— ce sont les Comores.

La nuance me paraît importante car elle va nous permettre de nous détricoter ce discours qui sévit depuis les années 70, cajolé par des bobos en manque de reconnaissance depuis leur bibliothèque de l’ignorance, et veut imposer un soit-disant « développement harmonieux » de Mayotte et des Comores —où devrait-on simplement dire « Des Comores » puisque ces derniers refusent de séparer de leur vision les deux entités.

Ce calamiteux discours veut que les Comores soient « une langue, une culture, une religion » et que donc leur destin soit intrinsèquement et intimement lié—les considérer comme différents, reviendrait pour ces esprits « éclairés » à les démembrer, à une vision contre-nature. Destin lié, regarder dans la même direction—ou forcer à regarder dans cette même direction. Inventer l’amour. C’est leur projet. Le développement « harmonieux » revient tout simplement à mettre au diapason, au même rythme, l’avancée vers le futur, l’avenir.

Or, nous avons deux systèmes complètement différents: Mayotte est Française, Les Comores indépendantes. La génération des grands et illustres chatouilleuses et chatouilleurs avaient des ambitions élevées, des rêves de grands projets. Rêves qui vont être abandonnés et remplacés par des aspirations égoïstes et diffuses à partir de la séparation des Grands, à partir de la rupture Marcel-Bamana et l’éclatement du MPM, et encore plus après l’arrivée au pouvoir des jeunes et l’accès au Département, ces rêves ne seront plus que des copeaux d’égos et de gloutonneries.

On va donc nous imposer petit à petit le discours semé dans les années 70: « développement harmonieux ». Le vocabulaire va changer, les unités de mesure aussi vont changer. On ne peut pas parler d’Ecole de la République en faillite totale à Mayotte sous prétexte qu’il y a une immigration incontrôlée: on préférera dire « construire une école par jour » (ce n’est pas pareil); on ne dira plus « Nawlawe, renvoyez-les chez eux ! » mais « aidez-les à se developer chez eux » (ce n’est pas pareil), on ne dira pas non plus « surveiller nos frontières » mais « laissez-les circuler pour aller sur le reste du territoire » (en substance « modifier le Visa », sans le savoir) etc.

L’INSEE va arrêter de détailler les naissances, va parler de « logement indigne » sans distinguer les « bidonvilles » (logeant des clandestins) du reste de l’habitat. La notion de « Mahorais » va poser problème dans les statistiques et un débat d’apparence anodin va en fait faire jaillir l’idée du « mélange », du « métissage » et symboliquement commencer à rayer les frontières entre Mayotte et les Comores. 80% vivant sous le seuil de pauvreté ? Ça représente quoi et qui ?

Ce faisant, le Tiers-Monde représenté ici pour cet extrême pauvreté, ces bidonvilles, cet accès difficile à l’eau potable etc. vont être présentés comme faisant partie de Mayotte. On va nous dire Mayotte=Tiers-Monde. Et donc, inconsciemment, nous allons réfléchir avec des outils du Tiers-Monde pour trouver des outils dignes d’un pays du Tiers-Monde. Voilà le danger.

Si nous regardons de plus près: notre problème est d’abord une mauvaise mise en place des politiques publiques, les textes qui ne sont pas appliqués, ou sont mal appliqués, ou tout simplement non maîtrisés. Toutefois, contrairement au Tiers-Monde, Mayotte dispose de l’arsenal nécessaire pour se développer dans le cadre des textes de lois. Feindre de ne pas voir ce Tiers-Monde entre malheureusement par effraction chez nous relèverait de la malhonnêteté.

À mon sens, il faut non pas écarter cette réalité mais d’abord la reconnaître dans sa nature (importé) et l’affronter avec les outils dont nous, qui ne sommes pas du le tiers-monde, disposons. Il faut juste changer de discours, de paradigme: demander à ce que les textes s’appliquent comme cela doit se faire naturellement. Demander l’application des textes de loi sur le pourcentage de logements sociaux par ville, exiger la construction des établissements sociaux et médicaux-sociaux pour la gestion de la délinquance, par exemple etc.

Dissocier Mayotte la France et ce Tiers-Monde importé par le Comores. Cela est très important car la feuille de route et le toilettage posent en substance cette problématique: qu’entendons-nous par développement dans l’ère de Loi Letchimy et la Coopération Acte II ? Fermer les yeux sur les Comores alors que ces deux textes et les accords connexes tiennent un discours qui tend plutôt au rapprochement et au travail de mutualisation ?

En somme, nous dire en sous-développement, Tiers-Monde, c’est valider le discours des années 70 et freiner notre avancée car psychologiquement, nous nous infligerons un raisonnement tiers-mondiste…

 

Yazidou Maandhui

Boggueur engagé

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