Mayotte, c’est la France !

Mayotte, c’est la France !

Parce que nous sommes en France, un pays de Droit, il faudrait que la Préfecture clarifie la situation des 300 étudiants étrangers en désarroi sur notre sol. Il s’agit de rappeler avec clarté ce que disent les textes, ce que dit la Loi en matière de « scolarité obligatoire » et de poursuite « d’études ». Car nous la scolarité et les études sont deux notions différentes qui appellent des textes bien précis.

Il s’agira donc de comprendre si notre État est délinquant, s’il se joue de cette situation, si c’est pure mesquinerie— ou plutôt une application pure et simple des textes. Cela permettra de comparer avec ce qui se fait partout sur le territoire de France et de Navarre. Nous éviterons en ce sens de nous calfeutrer derrière les noms d’oiseaux jetés sur la place publique par des ornithologues du dimanche qui adorent écorcher les Mahorais à tout va.

En 2016, pour la première fois, des jeunes dans la même situation avait courageusement envahi les rues de Mamoudzou pour déjà à l’époque réclamer qu’exception soit faire de leur situation. Pourtant, il n’y avait aucun blocage au niveau de la Préfecture de la part des mamans, ce qui signifie que le Préfet ne faisait qu’appliquer la Loi. Voilà pourquoi cette manifestation s’était soldée par la signature d’une « convention » entre la Préfecture et le Rectorat. Il en va de même pour la situation actuelle: les jeunes sont descendus dans les rues, ont manifesté devant la Préfecture, avant que les mamans ne prennent d’assaut le bureau des étrangers en réponse non pas à cette grève mais à la crise diplomatique qui tiraillent notre pays et nos voisins. Mais dans tous les cas, ces jeunes n’avaient pas de visa et la Loi n’avait pas changé entre 2016 et 2018.

En somme, l’Etat respecte-t-il les textes ou pas ? Si c’est le cas, où se trouve la pierre d’achoppement. Ces jeunes ont le droit de savoir, les Mahorais aussi. Cela nous évitera de prôner l’anarchie, d’appeler au contournement de la Loi tout en méprisant au passage les Mahorais qui n’ont aucun pouvoir d’octroi de visa.

Il est nécessaire d’être clair sur les textes pour nous préserver de l’anarchie et mieux aider ces jeunes en leur indiquant les procédures à suivre pour se sortir de cette ruelle coupe-gorge. C’est la force de notre pays. Rappelons-nous qu’aux Comores, lorsque les étudiants osent réclamer leurs droits, ils sont sauvagement réprimés comme de la vulgaire chaire à pâté. Ce fut le cas en 2014 à Mvuni, en 2017 aussi, où ils se sont fait tirer à balles réelles par l’armée comorienne et passer à tabac. En 2017, cette fois-ci au Sénégal, s’estimant lésés pour l’obtention d’une bourse spécifique, ils entament une grève de la faim devant leur ambassade. Les forces de l’ordre sénégalaises les attaqueront à coups de matraque. Leur ambassadeur Ibrahim Adinane, leur fera comprendre que tout est texte et critère et que malheureusement ces étudiants comoriens ne les remplissaient pas.

C’est dans un contexte pourtant électrique que le 20 septembre, les néo-bacheliers étrangers comoriens défilent devant le Vice-Rectorat de Mayotte pour réclamer ce qu’ils estiment être leurs droits. La situation aurait pu finir en affrontement entre eux et les groupes excédés de Mahorais qui bloquent le bureau des étudiants. Mais parce que nous sommes un grand pays, avec de grandes valeurs, des lois, une philosophie, un esprit libre, ces étudiants n’avaient rien à craindre. Nul tir à balle réelle ou à blanc, ni tentative de les empêcher de s’exprimer librement. Mayotte, c’est la France, un pays de Droit. Et le Droit nous protège. Vous pouvez exprimer vos idées en toute quiétude, vous pouvez crier sur tous les toits—tant que vous êtes encadrés par la loi.

Aucune armée ne viendra vous tirer dessus à balles réelles, aucun Mahorais ne viendra vous traîner dans l’asphalte ni vous rouer de coups—tant que vous n’êtes pas dans la provocation, tant que vous ne poussez pas le bouchon trop loin.

Nous sommes un grand pays.

Ces élèves sont formés, accueillis chez nous, sur le sol français grâce à notre humanisme et nos lois sur l’éducation qui respectent les conventions internationales: l’école est obligatoire de 6 à 16 ans et durant cette période, l’enfant ne rentre pas dans le Droit Commun. On se fiche éperdument de sa situation administrative. À 16 ans, le Droit Commun s’applique et c’est valable sur tout le territoire de France et de Navarre. Quand Azali tire à balles réelles sur ses propres enfants parce qu’ils demandent à étudier—nous, à Mayotte, la France, nous éduquons sans broncher, malgré nos difficultés, malgré le déséquilibre qui se crée. Car ce sont des enfants. Quand nous sommes insultés par un pays tiers qui quémande l’aide de la communauté internationale pour nous coloniser— nous serrons les dents et permettons à ses ressortissants de bénéficier des avantages de notre pays.

La France c’est ça.

Alors qu’on nous dise si nous sommes dans le cadre de la loi ou si au contraire on cherche en instrumentalisant cette situation à réclamer le bricolage. On veut des réponses claires. On veut que la Loi s’applique quelle que soit la situation. Autrement, nous finissons dans l’anarchie, et semons les graines de la rupture sociale.

 

Par Yazidou MAANDUI

Blogueur engagé

  • Abonnez-vous à

    Obtenez l’ensemble des derniers contenus par e-mail quelques fois par mois.

  • Fermer le menu