Une université à part entière pour les jeunes de Mayotte

Une université à part entière pour les jeunes de Mayotte

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La génération des 18-25 ans, celle qui obtient le Baccalauréat et qui s’engage dans la voie des études longues, est capitale pour le progrès et l’évolution d’une société.

Cette tranche d’âge est spécifique : Elle coïncide avec l’obtention du Bac et le début des études supérieures. L’esprit est donc en éveil, apprend les dernières contributions intellectuelles, relatives au domaine d’études choisi.

Cette effervescence intellectuelle fait prendre conscience à cette tranche d’âge de la nécessité de se battre, de revendiquer, pour changer le monde, dans le sens, bien sûr, de son amélioration.

En outre, cette tranche d’âge, cultivée, mais pas encore engagée dans des liens de mariage et pas encore devenue parent de jeunes enfants, est ambitieuse, rêveuse et prête à donner sa vie pour ses convictions. Elle a l’impression que tout est possible.

Elle est pour moi le réel moteur du changement. Elle l’est oui, par ce qu’elle prend plus de risques que la génération suivante, celle des 26-39 ans. Ceux-là ont intégré le marché du travail, se sont mariés, sont devenus parents. Ils espèrent progresser dans leur carrière et tentent de se constituer un patrimoine, pour eux et pour leurs descendants.

Ils n’aiment donc pas les risques et sont prêts à sacrifier beaucoup de leurs valeurs et idéaux, pour la paix sociale.

Concernant Mayotte, la grave insuffisance d’établissements dispensant des études supérieures nous prive de toute révolution véritable, nous prive de nos rêveurs, de nos changeurs de monde.

Il y a en effet comme un creux dans la pyramide des âges mahoraise. Les 18-25 ans étant ces jeunes obligés de massivement partir, avec l’espoir de réussir leurs études et de revenir pour travailler et améliorer les conditions de vie de leur famille.

Cet espoir reste souvent vain, puisque nombreux sont nos jeunes qui abandonnent leurs études, par ce que perdus face à cette nouvelle vie, à mener dans une nouvelle réalité, seuls, loin des proches, et avec des moyens financiers maigres, d’autant plus maigres que même l’aide que le département doit théoriquement leur verser est des plus irrégulières.

Depuis les années 80, notre île est amputée de son atout majeur, sa jeunesse, qui lui est prise et qui ne lui est rendue que partiellement et sans que les objectifs légitimant cette amputation provisoire n’aient été atteints.

Dans votre entourage, vous connaissez certainement ces jeunes, brillants, qui ont obtenu leur Bac, avec une mention pour certains, ces jeunes sur qui l’on pouvait parier fort qu’ils seraient les futurs cadres de cette île, ces jeunes qui, déstabilisés par l’éloignement géographique d’avec leurs proches et leur environnement d’origine, ont abandonné.

Pour toutes les raisons susmentionnées, je regrette que l’université de Mayotte ne soit pas une priorité pour nos politiques.

Et pourtant, investir dans cet outil nous permettra de voir une plus grande part de notre jeunesse quitter le système éducatif avec plus de diplômes et surtout, avec plus de compétences, qui seront directement mises au service de notre île.

Je me permets de rappeler qu’une société qui a un système éducatif performant est une société qui aura une bureaucratie et une administration compétentes, c’est donc une société qui sera moins exposée à la corruption et davantage tournée vers la culture de la performance et du résultat.

Revendiquons une université à part entière pour Mayotte, par ce que notre jeunesse le vaut bien.

 

Yasmina Aouny

Membre du GSM976

 

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