« Militer pour une Université à Mayotte, c’est militer pour une société mahoraise plus forte, plus solide »
Militer pour une Université à Mayotte

« Militer pour une Université à Mayotte, c’est militer pour une société mahoraise plus forte, plus solide »

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Tout changement, toute révolution vient de la jeunesse. En ces temps de crise, il faut se poser deux questions. Où est la jeunesse mahoraise? Que fait-elle? Les réponses sont troublantes. Réponse une : elle n’est pas à Mayotte. Réponse deux : elle se perd.

En effet, Mayotte ne propose rien pour sa jeunesse. Or, en 2011, le projet de l’Université de Mayotte devait doter notre Département des infrastructures et équipements nécessaires à la formation de sa jeunesse et à la promotion de son territoire. Il devait permettre à la majorité des jeunes Mahorais de se former à Mayotte afin d’être acteurs et moteurs de leur société.

Hélas, ce fut une alternative de substitution qui fut menée au sein d’un petit groupe d’amis. Le projet initial a été complètement déstructuré et désorienté au profit de quelques chercheurs métropolitains et cela dans un silence étonnant.

A la place de l’université, il fut proposé Un Centre Universitaire sous l’autorité du préfet de Mayotte en tant que chancelier et de l’université de Nîmes, en la personne d’un certain Emmanuel Roux. On vit alors apparaître le Cufr.

Le Cufr n’offre pas suffisamment de possibilités de formation. Il ne délivre pas de diplôme. Et lorsqu’une discipline semble attractive, peu de Mahorais sont pris. Au contraire, les Jeunes de Mayotte se sont trouvés poussés vers la sortie. On les encourage à s’inscrire ailleurs.

La conséquence est désastreuse. De plus en plus de jeunes de Mayotte obtiennent leur bac. Ils sont de plus en plus nombreux à quitter leur île pour la métropole. Chaque année, ce sont des milliers qui partent. Peu reviennent. Peu sont diplômés. Beaucoup se perdent en route.

Pendant ce temps, la jeunesse mahoraise est remplacée par une autre venue d’ailleurs. Selon les dernières statistiques de l’Insee, parmi les communautés vivant à Mayotte, les Mahorais sont minoritaires dans la tranche des 18 à 26 ans. C’est dans cette tranche que les Étrangers sont plus nombreux.

Conséquence de ce phénomène de substitution de la jeunesse : la société mahoraise ne renouvelle pas sa force. Sa jeunesse n’y contribue. Mayotte perd sa meilleure richesse et elle s’éteint à petit feu.

Je conclus que le refus de doter Mayotte d’un campus et d’une université participe d’une stratégie qui consiste à rompre la transmission entre les générations à Mayotte.

C’est la meilleure façon de tuer la culture et l’esprit d’un peuple. En privant le territoire de sa jeunesse, rien ne se transmet, rien se redynamise. Étant loin de son île, cette jeunesse ne participe ni à la culture, ni au sport, ni à l’économie et encore moins à la lutte pour la défense des intérêts de Mayotte.

C’est pourquoi militer pour une Université à Mayotte, c’est militer pour une société mahoraise plus forte, plus solide. C’est militer pour un avenir mieux contrôlé. C’est surtout s’engager pour une société qui transmet ses valeurs à sa jeunesse pour en faire la gardienne et la force militante de sa cause.

L’université de Mayotte et son campus sont parmi les solutions les plus évidentes pour redresser notre île. Toute révolution, tout changement vient de la jeunesse. Et c’est par la jeunesse conscientisée et consciente que Mayotte gagnera son combat.

 

 Alain Kamal Martial,

Docteur en histoire contemporaine

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