Nous nous révoltons malgré les menaces, les pressions et les sanctions

Nous nous révoltons malgré les menaces, les pressions et les sanctions

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Voilà 6 mois que les frontières comoriennes sont fermées aux reconduites à frontière: Moroni consent du bout des lèvres à accepter le retour de ses ressortissants qui souhaitent rentrer mais ferme la porte à ceux qui sont en situation irrégulière et expulsés. Le bras de fer est inédit par sa durée record et traduit bien la volonté hégémonique comorienne sur Mayotte: punie pour avoir osé dénoncer par un mouvement social l’insécurité générée par l’immigration clandestine, la population mahoraise se voit imposer un blocus et une cohabitation forcée sous son propre toit avec ses voisins indésirables. La colonisation s’accélère. Moroni continue à envoyer ses ressortissants sur notre île en kwassa, les pousse à manifester pour exiger des régularisations, ferme ses frontières et va à l’onu réclamer la souveraineté sur Mayotte avec un message clair: les Comores font la loi, la pluie et le beau temps à Mayotte.

Nous, Mahorais ne plierons pas. Nous ne capitulerons pas et nous continuerons à revendiquer notre statut de département français, mais aussi l’égalité réelle avec nos concitoyens de métropole. Héritiers des combats de nos aïeux, porteurs des ambitions de nos enfants, nous refusons absolument de céder en acceptant l’inacceptable et la politique du fait accompli ou la passivité complice de Paris.

Dans une période historique de réveil citoyen, nous avons manifesté massivement en septembre 2017 pour dénoncer la feuille de route nous rapprochant des Comores, puis au printemps 2018 pour réclamer le droit de vivre normalement, en sécurité et dans la dignité, avec des services publics corrects. Nous étions nombreux, les routes bloquées, nos drapeaux tricolores au vent et une colère puissante au cœur. La farce gouvernementale s’est jouée de nos divisions, nos élus ont récupéré ce mouvement qu’ils avaient subi, le changement de préfet a fait illusion et nous constatons que si peu a avancé.

Notre Hopital de Mamoudzou est en fait une maternité géante dédiée aux mamans comoriennes dans une île qui est un quasi-désert medical. Nos écoles, nos collèges, nos lycées, notre université surchargés et sous-equipés sont en fait le système d éducation gratuit pour les jeunes Comoriens et payé par nos impôts. Des gilets jaunes de milices de clandestins comoriens sont chargés d’assurer la sécurité publique alors que nous demandons une augmentation massive du nombre de policiers et de gendarmes pour arriver au même ratio par habitant qu’en métropole. Aucun effort significatif pour protéger les frontières. Pas de piste longue ni d’investissement massif, notre île doit ployer sous la pression migratoire et serrer les dents. Et l’argent annoncé par Paris servira une population étrangère qui revendique notre terre et se clame indépendante tout en vivant aux crochets de la générosité tricolore.

Alors, nous nous révoltons. Pacifiquement. Avec détermination. Parce que malgré notre patience légendaire, le seuil de notre tolérance est largement franchi. Nous nous révoltons malgré les menaces, les pressions et les sanctions contre ceux qui se sont engagés dans le mouvement et la capitulation de nos élus. La société civile continue le combat. Simples citoyennes, jeunes et vieux, associations, collectifs, syndicalistes, irréductibles en lambawani et enragés de la République, nous ne reculons pas. Nous occupons le service des étrangers de la Préfecture pour enrayer la machine à régulariser. Nous interpellons publiquement le Préfet pour demander des comptes, en réunion pour exiger des résultats. Nous nous mobilisons pour interdire les inscriptions de complaisance effectuées par l’Education nationale. Nous bloquons le Conseil Departemental pour dénoncer l’inertie de nos élus. Nous harcelons les uns et les autres en ligne pour contrecarrer la propagande comorienne. Nous nous faisons entendre sur la scène médiatique pour casser le silence qui a longtemps laissé les ambiguïtés prospérer. Nous marchons en ordre dispersé mais nous avançons. Et nous sommes sincères. Nous nous engageons. Nous nous battons car notre cause est juste, notre indignation légitime.

Nulle xénophobie ni rivalité insulaire: Mayotte n’a aucune leçon d’humanité a recevoir quand plus de 40% de sa population est étrangère. Non, l’immigration clandestine à Mayotte n’est pas un sujet partisan. Ce n est pas non plus une question politique banale: c’ est un problème de souveraineté nationale, c’est la conquête par le peuplement d’un département français pas une puissance étrangère (les Comores) qui nous revendique sur la scène internationale. Mayotte est passée de la vigilance au combat: nous sommes radicaux parce que la situation est extrême dans sa gravité.

Depuis 1841, nous Mahorais nous sommes battus pour rester Français: rien ne saurait nous dissuader de nous battre pour notre liberté. Ra hachis

 

Estelle YOUSSOUFFA

Journaliste indépendant

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